« C’est qui le patron ? ! » se lance dans la pomme
La coopérative « C’est qui le patron ? ! » travaille sur la construction d’une filière de pommes solidaires, pour le moment à petite échelle géographique et variétale.
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Le 25 mars 2025, la coopérative « C’est qui le patron ? ! » (CQLP) a annoncé le développement d’une nouvelle filière de pommes solidaires, visant à « rémunérer au juste prix » les producteurs français. Un questionnaire en ligne, ouvert à tous et disponible jusqu’au 6 juin 2025, permettra de construire un cahier des charges.
« La pomme est le deuxième fruit consommé en France, avec 12 kg en moyenne par table et par an. Il s’agit donc d’un produit d’importance, explique Marie B., consommatrice sociétaire de la coopérative. Or, les pomiculteurs font face à de nombreuses difficultés », alerte-t-elle. Aléas climatiques, concurrence des produits importés, pression des distributeurs… L’enjeu pour les producteurs est de retrouver de la trésorerie sur leurs exploitations. « Ils pourraient ainsi investir dans le renouvellement des vergers, et gagner en productivité et compétitivité », précise Marie B.
Un prix final conseillé
Le questionnaire en ligne (créé par les producteurs et l’équipe CQLP) propose de sélectionner plusieurs critères, (mode de production, niveau de rémunération, aspect des fruits, calibrage, conditionnement…), qui feront la base du cahier des charges. « Il sera ensuite soumis au vote des consommateurs sociétaires », explique Marie B.
« Comme ce fut le cas pour tous nos produits déjà sur le marché, nous lancerons ensuite des discussions avec tous les acteurs de la chaîne (transporteurs, distributeurs…) pour définir le prix final conseillé et faire un vrai partage de la valeur, ajoute la sociétaire. L’idée étant bien que la coopérative ne serve que d’intermédiaire entre les producteurs et les consommateurs : ces derniers financent à eux seuls la rémunération supplémentaire (1). »
Cette démarche se veut volontairement locale pour son démarrage. Elle concernera une centaine d’exploitations situées dans les Alpes de Haute-Durance, avec un ciblage sur la variété Golden. « Nous souhaitons voir d’abord comment fonctionne le modèle à cette petite échelle, puis l’étendre dans un second temps ». Les pommes CQLP pourront néanmoins être distribuées partout en France.
Une petite pierre à l’édifice
« Certains de nos adhérents sont engagés dans cette démarche, rapporte Pierre Venteau, directeur de l’Association nationale pommes poires (ANPP). Elle va dans le bon sens et ne peut pas faire de mal à une filière française en difficulté », ajoute-t-il. Selon lui, le besoin en chiffre d’affaires pour les producteurs est en moyenne de 26 000 euros de l’hectare.
« Pour atteindre ce chiffre, il faut réussir à valoriser tout le palox, de la pomme destinée à la transformation au fruit de beau calibre, sans défaut, destiné au marché du vrac. Entre ces deux extrêmes, il y a tout un volume intermédiaire qu’il faut réussir à valoriser. En ce sens, nous sommes en accord avec cette initiative d’entreprise », explique-t-il.
Néanmoins, Pierre Venteau s’inquiète de la « profusion de médiatisation » de la démarche, qui peut donner l’impression de « révolutionner le monde ». « Elle apportera certainement sa pierre à l’édifice, mais cela restera à petite échelle », déclare-t-il.
« Effectivement, nous sommes très présents sur les réseaux sociaux et cherchons à être visibles dans les médias d’une manière générale, car nous ne sommes pas une “marque”, mais une coopérative de consommateurs : nous ne faisons pas de publicité et n’avons pas de force de vente, répond Marie B. Cela nous permet de consacrer l’ensemble de ces budgets pour le soutien aux producteurs. »
(1) Une redevance « C’est qui le patron ? ! » s’ajoute tout de même au prix final du produit. De quelques centimes, elle permet notamment de financer la vie de la coopérative. La décomposition du prix de chaque produit est visible sur le site internet de la coopérative.
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